Compte-rendu de la conférence sur l'autisme
Professeur Catherine BARTHÉLÉMY
Présidente de l’Académie de Médecine
L’autisme, une maladie de l’invisible.
Le 21/11/2024.
Malgré des conditions climatiques particulières, la salle était quasiment pleine. Le président, Claude CHAILLOU a accueilli madame BARTHÉLÉMY et invité Gérard GAUMÉ à la présenter.
Madame BARTHÉLÉMY a complété par son parcours à l’Académie de Médecine et son accession à la présidence pour l’année 2024 : « membre correspondant » en 2015, titulaire (première femme accédant à ce poste) en 2017, vice-présidente pour 2023 et, donc, présidente pour 2024. Sa présence, ce jour, rentre dans le cadre de ses missions : informer.
Rappel historique : l’Académie de Médecine a été créée sous Louis XVIII et dépend maintenant directement de l’Élysée.
Sur la première diapositive, on reconnait le sigle de l’université de Tours, celui de l’ARAPI (Association pour la Recherche sur l'Autisme et la Prévention des Inadaptations) ainsi que le logo du GIS « autisme et troubles du neurodéveloppement ».
Il y a plus de 70 ans que la médecine s’intéresse à l’autisme qui était alors considéré comme un trouble psychiatrique.
Les enfants autistes sont solitaires, jouent souvent seuls, ne réagissent pas à certaines stimulations par d’autres personnes, souvent n’aiment pas être touchés. Certains ont des mouvements répétitifs dont on ne comprend pas l’objectif. Quand ils sont contrariés, ils peuvent avoir des crises démesurées. Un enfant a détruit la cuisine parce que le yaourt présenté n’était pas de la marque habituelle.
Au départ, ces troubles étaient attribués à un problème de relation mère-enfant, faisant ainsi porter la responsabilité à la maman.
L’évolution récente des moyens exploratoires du corps humain, en particulier du cerveau, a permis de chercher dans un autre direction. Sous l’impulsion du professeur Lelord, psychiatre, chef de service en charge du quartier des femmes à Bretonneau, la perception de cette maladie a beaucoup évolué. Ce qu’on pensait être un trouble psychiatrique est en fait un trouble de l’élaboration du cerveau.
Dès 1957, le professeur Lelord a mis en évidence une anomalie dans le fonctionnement du cerveau chez les autistes. Leur cerveau ne réagit pas à la stimulation filmique (neurones miroirs) comme celui des autres personnes. Il s’est alors entouré de compétences multidisciplinaires, dont les professeurs Jean-Pierre Müh (biologie) et Léandre Pourcelot (Échographie, Doppler). Par la suite, l’IRM est venu en complément.
À l’issue de ses études en psychiatrie, Catherine BARTHÉLÉMY a rejoint cette équipe comme assistante. Le professeur Lelord leur a demandé d’entrer en contact avec les familles pour qu’elles leur fassent part de leur vécu, en particulier sur la période de perception de la présence de cette maladie Pour cela ils se sont fait prêter des films ou des photos des enfants. En grande majorité un comportement anormal est détecté dans les premiers mois, parfois par les grands-parents un peu plus expérimentés. Le fait que les parents soient associés à cette recherche, est déjà une révolution.
En 2024, nous avons les outils disponibles pour détecter les cas d’autismes le plus tôt possible, sans perdre de vue que toute détection, même tardive, peut être prise en compte pour réadapter le malade. Dans le carnet de santé, il y a désormais des éléments de diagnostic de présence de difficultés dans les interactions sociales.
Depuis Jacques Chirac, tous les présidents ont appuyé ces recherches, ce qui permet d’avoir maintenant des données sur toute la vie des autistes. La mise en place de la cohorte familiale Marianne en 2022 permettra de suivre des autistes sur 10 ans afin de déterminer comment ils évoluent par rapport à des non-autistes et tenter de découvrir les causes de ce défaut de développement.
Le traitement psychiatrique est complètement abandonné au profit d’une rééducation fonctionnelle de la communication sociale. Plus la détection est précoce, plus les cerveaux sont malléables et la rééducation efficace.
L’enjeu est maintenant la détection dès la naissance. Il n’est cependant jamais trop tard pour commencer un traitement, il sera moins efficace en avançant en âge.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
Autrefois on pensait qu'il y avait un cas sur 100.000.
La qualité de la détection explique une bonne part de l'évolution de ces chiffres, mais pas seulement. Le taux d'autisme et des troubles est en progression.
D'où la nécessité d'un plan solide et efficace.
En réponses aux questions de la salle
Origine(s) de l’autisme.
L’origine de l’autisme chez un bébé est multifactorielle :
Il y a toujours une source biologique (génétique) et aussi l’environnement (p. ex. les perturbateurs endocriniens), des facteurs héréditaires. Une mère autiste a 50% de plus d’avoir des enfants autistes qu’une mère qui ne l’est pas.
S’il existe, on ne connait pas le chromosome responsable de l’autisme, contrairement à la trisomie ou le diabète.
Autisme Asperger.
Un autiste Asperger est un surdoué dans un domaine particulier (voir le graphique du développement neuronal sur la diapositive) : calcul ou mémoire, par exemple. Aux États-Unis d’Amérique certains sont embauchés pour exploiter ces capacités exceptionnelles. Ils travaillent souvent seuls et gardent le comportement propre aux autistes, c’est-à-dire avec un défaut de relations sociales.
Guérit-on de l’autisme ? Quel médicament ?
Il n’y a pas de médicament.
La rééducation permet d’améliorer le comportement social, ce qui rend la personne plus heureuse. Un autiste reste toutefois autiste.
Utilisation de modèles animaux ?
Oui, des modèles animaux sont utilisés, ils sont incomplets et donc modifiés pour être efficace.
A l'issue de la conférence, le président remet à la présentatrice la médaille commémorative du 60-ème anniversaire de la création de l'Ordre National du Mérite.