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Compte-rendu de la conférence sur l’histoire du bagne.

Publié le 24 octobre 2024

Après avoir galéré quelques instants pour mettre en route le matériel de projection, maître Jean Michel SIECKLUKI a exposé dans quelles circonstances il s’est intéressé à l’histoire de la création, la vie et la disparition du bagne, celui de Cayenne en particulier. Histoire complexe, car elle a concerné des condamnés de droit commun, dont les relégués,  ou des déportés politiques.

L’origine du mot « bagne » vient du nom portugais donné à des galères. Les rameurs étaient des professionnels payés pour cette tâche et des gouvernements ont eu l’idée de les remplacer par des condamnés qui revenaient moins cher. C’est ainsi qu’est apparue la peine des galères. Les bagnes sont donc maritimes : Brest, Rochefort, Toulon.

La disparition des galères a conduit à créer le bagne en 1852, en Guyane et en Nouvelle Calédonie. Un des buts était de valoriser les colonies grâce au travail forcé des bagnards, tout en éloignant des indésirables, quelles qu’en soient les raisons. Cette institution a a été abolie en 1938, notamment à la suite des reportages d’Albert Londres.

Les futurs bagnards étaient regroupés sur l’ile de Ré d’où ils partaient vers les colonies à bord de bateaux à voile. La traversée durait un mois ½. Par la suite des bateaux à vapeur ont été aménagés avec plusieurs niveaux de cages pour 600 à 800 bagnards par voyage. Ils avaient droit à une heure de promenade sur le pont supérieur qui était réservé le reste du temps aux passagers ordinaires.

Chez les bagnards la mortalité a dépassé les 60% sur les 15 premières années.

La majorité des bagnards étaient des « relégués ». Étaient dénommées ainsi les personnes condamnées plusieurs fois. C’était quasi automatique même pour des délits comme le vagabondage.

Les femmes ne pouvaient exécuter leur peine au bagne qu’en étant volontaires, sinon elles restaient en France.

À leur libération, les personnes condamnées à moins de 8 ans de bagne devaient rester sur place pendant une durée équivalente à leur condamnation. Ceux qui avaient écopé de plus de 8 ans et plus restaient à vie, avec pour tout bagage : un chapeau, une chemise et un pantalon. Beaucoup sont rentrés au service des habitants ou de l’administration. Un cas particulier est celui dont l’épouse l’a rejoint au bout de 14 ans. Elle avait apporté un pécule qui leur a permis de monter un commerce florissant sur place.

En 1923, l’Administration a ouvert toutes les portes à Albert Londres qui a ainsi pu faire un reportage révélateur sur la situation des bagnards, ce qui a contribué à une prise de conscience de la situation des bagnards. Ce qui a largement contribué à la fermeture du bagne

Les évadés avaient peu de chance de survivre entre les crocodiles, les requins et les chasseurs de prime avec leurs chiens. Les seuls qui y soient arrivés l’ont fait par la mer, par exemple Henri Charrière, dit Papillon.

Autres prisonniers connus : Alfred Dreyfus qui a passé 4 ans ½ avant d’être rapatrié pour la révision de son procès. Guillaume Seznec a bénéficié d’une remise de peine lors de la fermeture du bagne.

En 1953, les derniers bagnards, condamnés ou libérés,  sont rentrés en métropole. D’autres libérés sont restés sur place.

Anecdote : Pour les exécutions capitales, la guillotine était amenée par bateau, sous la rubrique « instrument de chirurgie ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Le président remet au conférencier la médaille commémorative
de la création de l'Ordre National du Mérite.